Le lien entre folie et créativité est évocateur pour la plupart d’entre nous. Au-delà d’une intuition, nous avons tou·te·s entendu parler des artistes fous, de la folie créatrice. Dans cette rubrique, nous souhaitons éviter toute stigmatisation. Cependant, nous ne pouvons nier l’existence de certains termes découlant de ce lien, comme « art brut », ou « art psychopathologique ». Ce rapport continue à interroger aujourd’hui. Pour Raphaël Gaillard, professeur de psychiatrie, les troubles mentaux seraient le pendant de la créativité des êtres humains.
Crédits : Bibbi Norlund - Louisiana Museum of modern art
Table des matières
Historique et généralités
Au travers de rituels, de danses, d’expressions théâtrales, de l’écriture, de la peinture, l’art apporte depuis des siècles, un espace de liberté, au sein duquel les artistes ont pu exprimer leur singularité. C’est pourquoi la création artistique et les troubles psychiques ont été étroitement liés tout au long de l’histoire de l’art. De nombreux artistes célèbres ont souffert de troubles psychiques, tels qu’Antonin Artaud, Edvard Munch et Camille Claudel, pour n’en nommer que quelques-uns. D’autres artistes, sans nécessairement souffrir de ces troubles, ont utilisé l’art pour exprimer des traumatismes ou en lui donnant une dimension psychanalytique. De nombreux mouvements artistiques, majoritairement modernes et d’avant-garde vont exprimer ce lien. A partir du 19ème siècle, on voit se développer des pratiques d’analyse des productions artistiques de ceux qu’on appelait alors les « aliénés ». Durant cette même période, naissent les premières collections constituées par des psychiatres.
À lire, à voir, à écouter
- Les ressources que nous proposons sont classées de la plus récente à la plus ancienne.
- Nous proposons des icônes pour vous aider à repérer les livres, les articles, et le contenu multimédia, et les ressources en accès libre.
Livre
Multimédia
Article, revue
Accès-libre
Faut-il être (un peu) fou pour être un bon artiste ?
La Grande Table idées, 2022
Folie et créativité vont souvent de pair suggère Diderot. De cette idée, Raphaël Gaillard, psychiatre et expert judiciaire, a tiré le livre « Un coup de hache dans la tête. Folie et créativité » (Grasset, janvier 2022). [D’après le résumé d’éditeur]
Origines de la créativité
L’ Art est la matière, France Culture, 2022
Pour comprendre ou dépasser cette relation entre créativité et troubles mentaux, trois écrivains Christian Berst Raphael Gaillard et Matthieu Dhennin sont réunis pour en débattre. [D’après le résumé d’éditeur]
Un coup de hache dans la tête
Raphaël Gaillard. Grasset, 2022
Qu’est-ce qui fait de nous des êtres capables de créer ? Lorsque Diderot écrit que « les grands artistes ont un petit coup de hache dans la tête », il consacre une idée qui traverse les époques et les cultures : qu’il s’agisse de la mélancolie selon Aristote, de la tempête des passions selon les Romantiques ou du manifeste surréaliste, tous célèbrent le lien entre folie et créativité, au point de considérer la folie comme l’ordinaire du génie.
Pourtant l’idée ne résiste guère à l’expérience quotidienne du psychiatre, qui raconte ici ses patients et montre combien la maladie les entrave et les livre à la souffrance. [D’après le résumé d’éditeur]
La création artistique à travers le XXe siècle
L’ Art est la matière, France Culture, 2022
L’art du XXe siècle redonne vie à une période marquée par deux guerres. « Chercher l’or du temps : surréalisme, art naturel, art brut, art magique » raconte l’histoire de la création artistique de l’époque.
Arts, folies, cultures : Actes du colloque
Association Scientifique de l’Espace Médical du CH de Montfavet. L’Art-dit, 2021
La question des rapports entre l’art et la folie a, de longue date, fait l’objet d’un questionnement. Comment appréhender l’acte de création dès lors qu’il est réalisé par une personne souffrant de troubles psychiatriques ? Dans quelle mesure cet acte est-il altéré ? Ce colloque est l’occasion d’interroger ce sujet. Les auteurs, praticiens du soin ou professionnels du milieu de l’art, vous livrent leurs réflexions dans ces actes. [Résumé d’éditeur]
De l’art des fous à l’art psychopathologique : la collection Sainte-Anne
Anne-Marie Dubois. Somogy éditions d’art, 2019
Dès les années 1950, il y eut un véritable engouement des psychiatres du monde entier pour ce qu’on appela alors l »art psychopathologique’. De nombreuses recherches sur les productions artistiques des malades mentaux furent alors menées. En se remémorant l’exposition qui eut lieu à l’hôpital Sainte-Anne en 1950, cet ouvrage, qui reproduit de nombreuses œuvres françaises et étrangères, met en perspective l’histoire de la Collection Sainte-Anne et celle de la psychiatrie entre les années 1950 et 1970. [Résumé d’éditeur]
Soigner la folie et collectionner ‘l’art des fous’ : l’art asilaire au XIXème siècle : archéologie de l’art brut
Lydia Couet. Université de Bourgogne, 2019.
Ce travail s’intéresse aux artefacts réalisés en milieu asilaire au XIXe siècle et début XXe : de leur apparition au sein de collections et publications à caractère majoritairement scientifique jusqu’aux premières expositions dans les galeries d’art à partir des années vingt. Nous tenterons de montrer comment, grâce à l’initiative de quelques grandes figures de la médecine, de la littérature et de l’art, ces réalisations ont pu sortir des murs de l’asile et dépasser leur statut d’objet médical pour commencer à investir la scène artistique. [résumé d’auteur]
Pratique artistique et pathologie mentale: d’une relation fusionnelle à travers le temps jusqu’aux psychothérapies à médiation artistique
Alexia Nokin. Université de Lille, 2019
Antonin Artaud, pour en finir avec l’enfermement
Épisode 3/4 de la série « Psychiatrie »
Les chemins de la philosophie, France Culture, 2018
Antonin Artaud a passé 9 ans en institutions psychiatriques. En 1943, il dénonce les méthodes de la psychiatrie sous le pseudonyme d’Antonin Naplas, un double qui dénonce les méfaits des asiles comme l’électrochoc. Sa « folie », lucide, peut-être créatrice, questionne la légitimité de la psychiatrie. [Résumé d’éditeur]
Des fous et des hommes avant l’art brut
Marc Décimo. Presses du réel, 2017
« Un essai introductif sur l’art asilaire, depuis la belle époque jusqu’à la théorisation de l’art brut. » [D’après le résumé d’éditeur]
Marcel Réja : médecin, poète symboliste et historien de l’art asilaire
Lydia Couet, Sociétés & Représentations 2016/1 (N° 41)
Conférence : Art et folie : quels liens ?
Cité des sciences et de l’industrie, 2015
Création artistique et troubles psychiques sont souvent liés. La perception de ces liens a évolué au cours du temps. La folie peut-elle être créatrice ? Comment est-elle représentée dans l’art ? Peut-on repérer ces troubles dans une œuvre ? Les points de vue des artistes et des médecins seront illustrés d’œuvres d’artistes souffrant de troubles psychiatriques.
Un art extraordinaire ? À propos des pratiques artistiques dans les secteurs du médicosocial et de la santé mentale
Gérard Bonnefon. Psychologie Clinique, 2012/2 (n° 34)
Les réalisations artistiques des personnes handicapées ou malades mentales suscitent un intérêt, que ce soit sur les plans culturel ou thérapeutique. Cela se confirme par l’émergence de l’art des fous et de l’art psychopathologique, puis sur le plan culturel de l’art brut (Jean Dubuffet) et de l’art originaire (Jean Revol). Si ces courants artistiques et sémiologiques sont bien repérés, il revient de préciser dans quel contexte et dans quels buts des internés dans les asiles, puis des personnes reçues dans des établissements médicosociaux ou de santé mentale se sont engagées dans des pratiques artistiques
Bipolarité et créativité
Philippe Brenot. L’esprit du Temps, 2008.
Le parcours de vie des grands créateurs ne cesse de nous interroger : pourquoi ces êtres hors du commun sont-ils si souvent porteurs de signes de mélancolie – selon le terme de l’Antiquité classique – ou de bipolarité ) selon la terminologie actuelle ? [Résumé d’éditeur]
Le MAHHSA : Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, à Paris
Cette collection est unique par son nombre, sa diversité, sa valeur patrimoniale historique et esthétique.
Art brut et au-delà
« Art brut » est un terme apparu en 1945, inventé par le peintre Jean Dubuffet, en opposition à l’ « Art culturel ». Selon cette définition, l’art brut a toujours existé, et s’est démocratisé depuis. Nous pouvons cependant proposer un point d’origine à l’art brut : celui de la reconnaissance de la valeur artistique des productions des aliénés, par des médecins et psychiatres progressistes entre le 19ème et le 20ème siècle. En 1904 le Petit Musée de la Folie voit le jour à l’hôpital psychiatrique de Villejuif. L’art brut marque une véritable lutte pour la sauvegarde de la mémoire des artistes dits marginaux. Se développe ensuite une tendance plus large post-art brut, que l’on a pu désigner sous les expressions comme « art singulier », « art en marge », « art outsider », « art cru », « création franche », « art hors-les-normes »…
À lire, à voir, à écouter
- Les ressources que nous proposons sont classées de la plus récente à la plus ancienne.
- Nous proposons des icônes pour vous aider à repérer les livres, les articles, et le contenu multimédia, et les ressources en accès libre.
Livre
Multimédia
Article, revue
Accès-libre
L’art brut – 5 épisodes
Là-bas si j’y suis, 2023
5 extraits de 5 minutes environ sont accessibles. Le visionnage complet demande un abonnement.
L’art brut
Émilie Champenois. Presses universitaires de France, 2020
Au risque de la récupération marchande, ni art singulier, ni art naïf, l’art brut est par définition hors normes. Il ne peut donc être appréhendé que par des voies détournées. C’est ce à quoi s’emploie Émilie Champenois, qui nous emmène à la rencontre d’autodidactes aux créations fascinantes, dont l’inquiétante étrangeté nous dit quelque chose de notre propre solitude et des tourments de notre inconscient. [D’après le résumé de l’éditeur]
Art brut : le guide
Céline Delavaux. Flammarion, 2019
20 artistes phares
- Renouer les fils avec le passé
- L’art brut, quel intérêt ?
- Retenir quelques dates repères
- L’art brut, c’est quoi ?
- Changer sa façon de voir
- Comment approcher l’art brut ?
- Connaître les mots clés
- Ils/elles l’ont écrit…
[Résumé éditeur]
L’art brut est-il le refoulé de l’art contemporain ?
France Culture, 2017
La Maison rouge, à Paris, expose depuis le 23 juin dernier « Inextricabilia », une collection mêlant Art Brut, objets rituels africains, œuvres d’art sacré, populaire, moderne et contemporain. A cette occasion nous recevons Lucienne Peiry, commissaire de l’exposition. [Résumé d’éditeur]
Penser l’art brut aujourd’hui
Christian Berst, Multitudes, 2017 (69).
Lorsqu’il est question d’art brut, la plupart de nos élites, occupées à interroger le geste artistique, oscillent-elles généralement entre la négation catégorique et « l’entêtement diabolique » – pour reprendre Sénèque – dans le refus d’envisager ce champ. Au mieux se rassurent-elles en lui assignant un strapontin historique déterminé et circonscrit par l’action de Jean Dubuffet, l’« inventeur » du concept. Posture très commode, tant ce prosélyte ardent fut coupable de dogmatisme, lui aussi. [D’après l’introduction de l’auteur]
Art concret et folie : le cas de l’Atelier de Engenho de Dentro à Rio de Janeiro dans les années 1940
Glaucia Villas Bôas. Sociologie de l’Art; 2014/1 (OPuS 22).
Cet article reconstitue « l’histoire de l’Atelier de Engenho de Dentro, point d’une sociabilité sui generis, qui a rassemblé de jeunes artistes plasticiens, des critiques d’art, des directeurs de musée, des médecins et des patients schizophrènes d’un hôpital psychiatrique de Rio de Janeiro. » [d’après le résumé d’éditeur]
L’Art brut, un art sans histoire ?
France Culture, 2011
Quoi de neuf ? l’art brut…qu’on l’appelle «l’art naïf » ou « l’art des fous », il suscite, a nouveau, un regain d’interêt. Les productions realisées par ces artistes singuliers apportent un peu d’air frais car leurs œuvres, souvent faites de bric et de broc, utilisent un large éventail de matériaux, de techniques et d’approches inedites. Mais surtout, ces productions baroques affichent une formidable liberté d’expression. Serait-ce parce que l’art brut est un art sans histoire ?un art etranger aux leçons des grands maîtres ? [Résumé d’éditeur]
L’homme du sous-sol et l’art brut
Béatrice Fortin. Le Coq-héron 2010 (202) : 68-74
Les productions artistiques des artistes psychotiques ont instruit le mouvement de l’art brut. Après une brève présentation historique, cet article s’emploie à cerner quelques contours de la relation entre l’art et la folie, y compris dans la particularité humaine à créer au-delà et avec la folie.[Résumé auteur]
Le MCF : musée de la création franche, à Bègles
Le Musée d’Arts Bruts, Singuliers et Autres, à Montpellier
La Collection d’Art Brut de Lausanne
Le LaM : Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille : Les informations sur la collection dédiée à l’art brut sont en milieu de page, après les informations sur l’art moderne et l’art contemporain.
